ASIE
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LA RECHERCHE DU MAÎTRE

En Asie, il est courant que la figure tutélaire d’un maître guide vos pas sur le chemin de la vie et participe au développement de votre personnalité.

 En Extrême-Orient, on se prosterne six fois devant ses parents et sept fois devant son professeur. On considère que si les parents donnent la vie, c’est le maître qui enseigne l’art de vivre.  Ainsi, toute personne à même de prodiguer un enseignement jouit d'une grande dévotion et d'un profond respect. La recherche d’un maître qui convienne à sa tournure d'esprit est une quête encouragée et valorisée.

Il existe en Thailande un jour férié spécialement dédié aux professeurs. Les enfants apportent des fleurs et des cadeaux à l'école pour les remercier et la journée est une célébration en leur honneur. Ce jour est également consacré aux personnes âgées. On considère en effet que l'expérience accumulée au fil des ans engendre une sagesse indiscutable. De ce fait, toute personne âgée est un maître-enseignant.  Dans le système hiérarchique complexe et subtil qui régit les rapports sociaux en Asie, les plus âgés ont la primauté. Leur statut au sein de la société se manifeste par de multiples marques de déférence. Leur parole fait autorité. Ils sont les premiers que l’on salue, les premiers que l’on sert et l’on s’adresse à eux en utilisant un titre honorifique.

 

Du Vietnam au Japon, un maître est une personne ayant acquis la maitrise dans son domaine, que celui-ci soit spirituel, artistique ou autre. Il est à même de prodiguer un enseignement qui inclut une méthode où un savoir-faire, mais aussi une philosophie de vie qui oriente et donne du sens. En Inde, l’aura que dégage le maître prend encore plus d’ampleur. Dans ce pays où le sacré englobe tous les aspects de la vie, toute personne habitée par une aspiration spirituelle part à la recherche d’un guru. Ce mot signifie en sanskrit « celui qui apporte la lumière ». La renommée de gurus indiens tels que Yogananda, Amma, Osho, Sri Ramana Maharshi ou le contemporain Muji a atteint l’occident. Mais l’Inde regorge de personnalités éveillées et charismatiques, suivies par des milliers de fidèles qui trouvent dans leurs enseignements la guidance nécessaire pour la réalisation de soi et l’épanouissement de son potentiel.

 

Dans sa conception orientale, le maitre spirituel est un enseignant qui amène la compréhension de soi, éveille la conscience pour éclairer nos zones d’ombre et saura trouver la méthode parfaitement adaptée à notre tournure d’esprit. Il s’agit d’un travail de longue haleine, le chemin d’une vie. Humilité et discipline sont de rigueur. Le rapport qui s’établit entre un disciple et son maître, une fois qu’ils se sont choisis, est caractérisé par la dévotion de l’un et l’engagement du second. Pour le disciple, le maître est celui qui nous connait mieux que nous-même et qui nous permettra d’atteindre la maîtrise. Pour le maître, il s’agit d’une responsabilité  morale assumée librement.

 

L’occident individualiste, très attaché à la notion de libre-arbitre, peine à saisir ce concept. En Asie par contre, l’individu est surtout et avant tout le membre d’une communauté. Les besoins individuels passent facilement au second plan au profit du bien de tous. L’idée d’obéissance, de sacrifice même, dans le but d’assurer la stabilité de la société est profondément ancrée dans les esprits. Pourtant, le lien profond entre un maitre et son disciple est d’une autre nature. Le maître voue un amour filial au disciple qu’il considère comme un fils spirituel. Il partagent une noble aspiration. Dans nos sociétés axées sur le cercle clos de la famille, il est difficile de comprendre qu’une personne puisse éprouver pour un individu d’un autre sang un sentiment aussi profond que celui que l’on voue à ses parents.

 

A l’époque actuelle, la recherche de sens et de paix intérieure est un brûlant sujet de préoccupation. Notre société abonde en gurus, coachs, yogis, chamanes et autres sources d’inspiration de tous horizons culturels. Jamais l’offre n’a été aussi abondante. C’est une excellente chose. Chercher votre maître ! Il peut s'agir d'un livre, d’un film, il peut s'agir d'une personne. Cette personne peut aussi changer au cours d'une vie lorsqu'elle vous a enseigné tout ce qu'elle avait à partager et qu'une nouvelle étape se prépare pour vous. Mais ne cessez jamais votre quête. Peut-être réaliserez-vous alors que tous ces enseignants n'avaient qu'un seul but: éveiller le maître qui dort en vous.

 

Virginie Claret

 

 

 

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