NEW YORK

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LA VILLE DE TOUS LES POSSIBLES

L’île de Manhattan est le coeur de New York City. Plusieurs ponts la relient au continent et aux autres arrondissements qui composent la ville: Brooklyn, le Queens, le Bronx et Staten Island. Son énergie particulière impose un rythme et un style de vie à tous ses habitants. Alors, être new-yorkais, qu’est-ce que cela signifie vraiment?



  Sur l’île de Manhattan, on prépare sa journée comme on prépare une expédition. On a sa check-list: bouteille d’eau, chaussures plates, lunch box, carte de métro, vêtements pour le sport, et, souvent, une tenue de soirée pour un gala, une exposition, un théâtre, un concert, un restaurant. Car une fois la porte d’entrée franchie, la ville vous happe, et vous emporte jusque tard dans la soirée.  Parfois jusqu’au bout de la nuit, car New York est une ville qui ne dort jamais.    

Tout va vite sur cette île d’un million et demi d’habitants répartis sur 27 km de long. «  Une semaine à New York est l’équivalent d’un mois n’importe où ailleurs » gémit Carolina, une jeune argentine installée depuis 1 an. « C’est si difficile de se relaxer! La vie est tellement intense ici. Tout change tout le temps, tu dois constamment t’adapter, tu es toujours occupée”.

A New York, on court. Après le temps, après un rêve, après la fortune. Un seul mot d’ordre: rassembler le maximum d’activités en une journée. Il y a tellement de choses à voir et à faire. Les expositions, les galeries se renouvellent rapidement, de nouvelles boutiques et restaurants ne cessent d’apparaitre, New York est une ville de création, en état constant de métamorphose. L’innovation y est permanente.  Les personnes, les lieux et les produits passent de mode à une vitesse accélérée, pour laisser la place à « the next best thing », une expression typiquement new-yorkaise. Comme le relève Nadiya, une irlandaise arrivée il y a 30 ans, « les New-Yorkais ne remettent pas le changement en question, ils l’attendent et moi aussi maintenant!  Cela m’a donné la liberté d’explorer quantités de versions de moi-même durant les 30 années que j’ai vécu ici.

le street art s’épanouit en toute liberté sur les façades new-yorkaises.

les nombreux parcs sont des lieux de rencontre par excellence où tout un chacun peut s’adonner à ses hobbies.

“Le dynamisme de la ville opère sur chaque habitant. « tout est possible à New York. Mais tu dois le faire toi-même, et tu dois le faire seule » confie Cristina, arrivée de Colombie il y a 10 ans. Je suis venue avec un ami, mais il n’a pas réussi à s’adapter. Il est reparti. “  Dans cette ville qui vous engloutit, il faut apprendre à nager et vite! Se créer une communauté d’amis, être actif, sous peine de se retrouver isolé.    Luis, un New-Yorkais originaire d’ Equateur, a  travaillé ds la métallurgie, fondé un atelier de couture et tenu une échoppe de teinturerie. La nuit, il est chauffeur de taxi. « Ici, il est toujours possible d’ apprendre et de commencer un nouveau métier. Tu n’es jamais limité. Tout est possible ».  New-Yorkais d’origine grecque, Chris souligne “Ce à quoi tu es bon, quelqu’un en aura besoin. Tu as un projet, une idée, tu trouveras une personne prête à investir. Il y a toujours du travail à New York. “   « C’est difficile ici, c’est constamment un défi “ me dit Rafael, un jeune français qui travaille dans la gastronomie. “ Là où tu travailles, quelque soit ton domaine d’activité, il y aura huit personnes meilleures que toi. Ça te force chaque jour à être la meilleure version de toi-même, c’est tellement inspirant!” Son amie Olivia, une américaine, ajoute « tu dois te présenter comme quelqu’un de  créatif, d’original, et apporter sur la table un produit unique, sortir du lot par tous les moyens». Elle fait la moue. « On soigne son image, mais c’est parfois pour cacher le vide. Cette ville n’est vraiment pas faite pour tout le monde. La première fois que je suis venue, je me sentais terriblement seule. Tu dois constamment te rappeler pourquoi tu es là et quel est ton objectif pour trouver la motivation ».    

Dans une ville où tout-le monde est constamment impliqué dans quantité d’activités, le risque est réel qu’elle ne devienne un lieu où l’on se croise mais où on ne se rencontre pas. C‘est ce que relève Dolores, qui regrette le sens de la communauté et de la fraternité de son Irlande natale. « New York est une ville que l’on doit choisir. S’y adapter n’est pas à la portée de tous. Toute cette excitation devient une drogue, ce qui n’est pas nécessairement bon pour toi ». Etre créatif à New York, est un impératif, une valeur fondamentale. L’art, sous toutes ses formes, dépasse le cadre étroit des musées et déborde de partout: dans les plats des restaurants, le style vestimentaire des gens dans la rue, sur les façades, il s’engouffre même dans le métro où des musiciens de tous genres se promeuvent entrée deux rames. “C’est un endroit où tu es sans cesse encouragé à t’explorer, à dépasser tes limites. Toutes les possibilités sont là pour apprendre et expérimenter”. D’ailleurs, Rafael et Olivia me quittent précipitamment pour un cours d’introduction au jeu d’échec.

Scène insolite dans le métro, une cantatrice et son pianiste se promeuvent entre deux rames.

Comme le relève Christopher, que je croise sur la 7me avenue, « Si tu as un intérêt culturel, quel qu’il soit, tu vas le trouver ici. Tu t’intéresses à la musique classique iranienne du 14me siècle? Tu vas trouver ça quelque part”. L’offre extraordinaire de la ville et son énergie débordante permettent de supporter ses inconvénients. Car New York est bruyante! Et sale! Et dangereuse ! Les New-Yorkais ne manquent pas de le mentionner. «  il faut avoir atteint une certaine classe sociale pour avoir un peu de calme et de  confort à New York. « estime Eric, un juif de l’Upper Side.  « Les gens sont d’une grande gentillesse, très serviables.  Nous sommes obligés, nous sommes tellement nombreux dans ce petit espace.  Mais il faut sortir! Aussi souvent que possible. Si vous leur demandez, vous verrez que la plupart des New-Yorkais ont une maison pour le weekend dans les forêts au nord ou au bord de la mer. C’est le seul moyen de se relaxer ».  

Berceau de la contre-culture des années 60, le west village, a vu passer Hendricks, Kerouak, Dylan et garde un esprit progressiste et libertaire.

Harlem, le quartier des noirs américains, réunit une grande partie de ces inconvénients. Le tempo y est plus lent mais plus puissant, il résonne comme un tambour africain et rend vibrante La Malcolm X Avenue. Ici, on s’assied sur les porches, on discute, on s’apostrophe. S’il le faut, on installe des fauteuils à même le trottoir pour être plus confortable. “Manhattan ne serait pas pareille sans Harlem”, me dit Catherine, une énergique sexagénaire que je croise sortant d’un club d’où s’échappent des notes de soul. “Harlem est le feu sous la marmite de Manhattan. Les noirs apportent à la ville leur force brute, leur vitalité et leur âme, celle-là même qu’on retrouve dans leur musique”.  

Outre les grandes communautés blanches, noires, asiatiques, et juives, New York City est une mosaïque de sous-cultures qui co-existent les unes aux côté des autres. L’arrondissement de Brooklyn, de l’autre coté du pont qui sépare Manhattan du continent, rassemble, entre autres, la communauté des juifs ultra-orthodoxes, les immigrés d’europe de l’est, d’Asie mineure, les hispaniques et les noirs des Caraïbes.   Son coeur est Williamsburgh, un quartier de jeunes créateurs entrepreneurs, toute une génération alternative, hipster, végane et adepte de yoga. Brooklyn est bohème, communautaire et garde un cachet authentique. C’est aussi une atmosphère plus paisible qui s’accentue encore lorsqu’on s’aventure dans les arrondissements du Queens, du Bronx ou de Staten island, plus isolés, presque oubliés.  

Sur les toits plats des maisons new-yorkaises on peut y organiser des fêtes, les célèbres rooftop parties, ou y cultiver un jardin!

Les New-Yorkais sont fiers de la diversité de leur ville et tournent souvent leur regard vers la Statue de La Liberté qui se dresse sur le port. «  Elle nous rappelle que nous sommes une ville d’immigrés. nous appartenons tous à cette ville. » dit Nadiya avec émotion. Pour Eric, « c’est le seul endroit au monde que je connaisse où tu peux être tout juste arrivé et te dire New -Yorkais sans que personne ne trouve à y redire ».   Pholomi, afro-américaine d’Harlem, considère comme un atout d’avoir grandi dans un lieu qui attire autant de diversité. “Cela m’a rendue apte à m’adapter et à accepter les différences car ici tout est différent, tout le temps! J’ai souvent eu de merveilleuses conversations avec des inconnus croisés dans la rue, j’aime la proximité humaine de New York. Mais ce n’est pas seulement les gens, il y a aussi l’esthétique urbaine éclectique de cette ville: il suffit que tu prennes le métro sur une courte distance et en sortant, tout est différent! J’adore ça!”.  

New York City .. une petite planète affolée qui tourbillonne sur elle-même, où chacun poursuit ses rêves..

virginie claret